Shigeru Ban est né en 1957 à Tokyo. Il étudie d'abord au SCI-Arc (1977-1980) à Los Angeles, puis à la Cooper Union School of Architecture à New York de 1980 à 1982 et obtient son diplôme en 1984. De retour au Japon, il débute sa carrière à l'Atelier d'Arata Isozaki avant de fonder son agence en 1985.
La scénographie saisissante qu'il réalise pour l'Exposition Emilio Ambasz à l'Axis Gallery (Tokyo, 1985) entièrement conçue à partir de tubes de carton, attire l'attention. La conception de lieux d'exposition et les tubes de carton resteront par la suite des éléments de base de son architecture. C'est ainsi qu'il a mis au point, après le grand séisme de Kobe en 1995, des méthodes d'autoconstruction permettant de bâtir des abris d'urgence, une église et d'autres installations. En réponse aux catastrophes qui privent les populations de logements, la Paper Log House, constituée principalement de tubes de carton, a été conçue pour Kobe puis utilisée à Ankara en Turquie (1999).
Le carton répond aux contraintes des situations d’urgence, mais Shigeru Ban va aussi l’utiliser dans ses expérimentations sur la maison. Case Study Houses, c’est le nom qu’il donne aux villas qu’il réalise au Japon. En référence à leurs cousines californiennes des années 50, ces maisons quasi expérimentales sont l’occasion de redéfinir, par exemple, ce qu’est une enveloppe (Wall-less house ou Curtain-wall house) ou de réfléchir à la partition d’une maison (9 Squares grid house) ou encore de penser la place du mobilier (Furniture houses).
Ses tubes de carton ont également été employés pour la réalisation du Pavillon japonais Paper Tube Structure 13 conçu avec le concours du Professeur Frei Otto à l'occasion de l'exposition universelle de Hanovre en 2000.
Créateur de l'ONG Voluntary Architect's Network (VAN), Shigeru Ban met à profit son expérience acquise et intervient comme consultant auprès du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), en concevant, développant et procurant des abris d'urgence aux réfugiés.
Il enseigne aujourd'hui comme Professeur à l'Université Keio et dispose d'une équipe de recherche pour approfondir sa réflexion sur la fonction sociale de l'architecte. Le travail de Shigeru Ban a été récompensé à plusieurs reprises, notamment avec le Grand Prix d’Architecture de Kansaï en 1996 et avec le prix du Meilleur Jeune Architecte du Japon en 1997 et le prix de l’Architecture mondiale en 2001 pour le pavillon du Japon à l’Exposition universelle 2000 à Hanovre.
"Si les tubes de carton sont devenus l'élément par lequel I’on identifie aujourd'hui couramment l'architecture de Shigeru Ban, celle-ci n'est pourtant pas réductible à l'emploi d'un matériau, quel qu'il soit, y compris dans le cas de l'architecture d'urgence conçue pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre de Kōbe et aux réfugiés du Rwanda.
Le matériau est ici le révélateur d'une approche qui cherche à inscrire à nouveau l'acte architectural dans l'actualité. Les abris d'urgence de Shigeru Ban rendent opératoires les discours actuels sur les conditions auxquelles serait soumise l'architecture. Ces projets montrent effectivement qu'aujourd'hui tout événement local qui touche l'environnement humain ne trouve sa solution que par un traitement à un niveau global, qu'il s'agisse du mode de financement faisant appel à des aides internationales, de la coordination assurée par le Haut Commissariat aux réfugiés de l'ONU pour le Rwanda, de la coopération technique avec des spécialistes de différents pays, du volontariat des habitants de Kobé.
Par la mobilisation et l'implication d'intervenants aussi différents, ces projets sont une proposition à l'attention de la société et de son mode de fonctionnement. Si l'on considère le projet pour Kobé en regard de la situation lors de la catastrophe, on ne peut manquer d'y distinguer une approche critique du système de production de l'architecture. Face aux ruines des structures de béton armé effondrées, Shigeru Ban propose l'emploi du carton pour réaliser à moindres frais et en toute sécurité des habitations et une église. Au-delà de l'évidente maîtrise des possibilités techniques d'un matériau apparemment peu propice à un emploi structurel, le projet conduit alors à réévaluer certaines certitudes. La pâte à carton sans forme (mais déjà présente dans l'architecture traditionnelle japonaise par l'intermédiaire des shoji), à l'inverse des amas de décombres inutilisables et irrécupérables, donne naissance à une architecture optimisée sur les plans technique et économique, et libérée de ses anciens à-prioris. La catastrophe est l'occasion de dépasser les limites existantes. Le procédé de recyclage prend part à l'architecture pour lutter contre l'entropie tout en jouant avec le statut éphémère de l'objet produit. En concevant, sur la demande des habitants, une église puis en proposant des maisons familiales qui permettent de recréer une communauté, Shigeru Ban formule une nouvelle origine pour l'architecture et impose une réflexion qui dépasse les notions de contexte, de programme et de moyens en inscrivant l'acte architectural autrement, par une conscience actuelle de ses enjeux. La conception des abris pour Kobé et pour le Rwanda va ainsi bien au-delà de la réponse circonstancielle aux conséquences dramatiques d'une catastrophe naturelle ou d'une guerre civile, elle interroge la totalité du processus de la conception architecturale ainsi que son action dans la société. Elle est autant la recherche d'une esthétique que d'une éthique architecturale."
1989 Paper Arbor à la World Design Expo de Nagoya ;
1994 Miyake Design Studio Gallery à Tokyo pour le styliste Issey Miyake ;
1994/1995 Paper House
1995 Curtain Wall House à Tokyo
1995 Église de papier à Kobe.
1999 Nemunoki Children's Art Museum
2000 Naked House à Kawagoe
2000 Pavillon du Japon à l'Expo 2000 de Hanovre en collaboration avec Otto Frei_p
2000 Paper Arch au MoMA de New York
2002 Nomadic Museum Photos
2003 Projet pour le Centre Pompidou - Metz, en collaboration avec Jean de Gastines et Philip Gumuchdjian
2004 Logements sociaux avec J. de Gastines, Mulhouse