Shooting into the Corner


Cette œuvre, tout comme d’autres installations de cire d'Anish Kapoor, utilise ce pigment d’un rouge profond. Dans ce travail, qui se répète en permanence, un technicien actionne le canon à intervalles réguliers de 20 minutes. Des projectiles de cire rouge tirés vers un coin de la pièce, éclatent en une éclaboussure sanglante. Chaque projectile pèse près de dix kilos et est lancé à près de 80 kilomètres/heure.

Comme le déclare Anish Kapoor, cette oeuvre plonge ses racines dans ses années étudiantes :

J’y suis venu de façon très étrange. Quand j’étais étudiant d’art, j’ai réalisé une oeuvre qui contenait en elle une arme, ou un canon. Ce que je voulais, c’était occuper l’espace entre le centre et la limite de la salle et je me suis demandé si je ne pourrais pas le faire en lançant un projectile. Il y a dans cette œuvre des accents évidemment sexuels. Tandis que nous regardons le canon lancer ses projectiles de cire, nous apprécions sa capacité de destruction et cette performance violente et séduisante. Nous prenons aussi plaisir à voir apparaître en même temps une nouvelle marque quand la substance de cire molle glisse jusqu’au sol. En s’amassant au premier plan, les projectiles de cire rouge apparaissent presque comme une oeuvre de pigment.

Anish Kapoor a choisi avec soin la disposition de cette œuvre. Le canon tire à partir du centre de la pièce vers le coin.

Le coin, bien sûr, est un fondement de l’architecture. Sans lui, il n’y a pas d’architecture et par extension, pas de culture. Cela semblait donc être une sorte de progression logique. Je m’intéresse à la façon dont l’œuvre va de l’objet à l’image, au tableau... et ensuite à l’architecture. Il y a ce jeu entre les trois éléments. C’est terriblement violent. Mais je crois que dans cette violence, il y a une sorte de clarté esthétique.

Comme beaucoup d’œuvres d’Anish Kapoor, Shooting into the Corner parcourt un cycle de création et de destruction. Les deux prennent place simultanément. Il a introduit délibérément une relation tripartite : entre l’objet, notre interprétation de ce que nous voyons et l’expérience, ainsi que l’endroit où est placé l’installation.

Vidéo du tir au canon

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