Mario Merz
Giuseppe Penone vit et travaille entre la France et l'Italie. Aussi est-il, à l’instar d’autres protagonistes de l’Arte Povera, l’une des figures de l’art italien des années 60 dont l’œuvre se confond intimement avec la situation spécifique du nord de la Péninsule.
Mais, à la pratique essentiellement ancrée dans le milieu urbain de différents artistes qui lui sont proches, Penone veut opposer une œuvre soumise à – et complice de – la nature. Si ses premières pièces et expériences, directement liées et conçues dans et avec la Nature, témoignent d’une attention extrême aux "énergies à l’œuvre" (croissance, équilibre, érosion, souffle), les réalisations qui suivent, où son corps devient partie intégrante et outil d’introspection de l’objet visuel, prennent une autre signification (Se retourner les yeux, 1970, Pression, 1974-1977, Patates, 1977). Il s’essaie ainsi à retrouver dans une pratique purement sculpturale les processus imperceptibles et néanmoins vivants de chaque modification (Souffle de feuille, 1982), attentif à l’état transitoire des choses et à la préhension que son corps peut en avoir.
Alors que les éléments constitutifs de ses premières œuvres rejoignaient le matériau caractéristique des pratiques "pauvres" ou "conceptuelles" (matériel de projection, photographies, etc.), Penone a, au milieu des années 70, retrouvé par le bronze et les techniques les plus classiques ce qui, en somme, est le sujet de son œuvre entière : révéler la nature dans la culture et la culture dans la nature.

