À ses débuts, Léonard de Vinci se conforma au style de Verrocchio, puis se démarqua peu à peu de sa technique de représentation rigide des personnages pour définir progressivement sa propre conception d’une composition plus philosophique, où les figures humaines deviennent acteurs de la nature.

Les innovations stylistiques de Léonard apparaissent avec encore plus de force dans la Cène, qui lui permit de revisiter totalement un thème traditionnel. Au lieu de présenter les douze apôtres comme des personnages individuels, il les divisa en groupes dynamiques de trois, encadrant la figure du Christ, isolée au centre du tableau. À l’arrière-plan, un paysage pâle et distant, vu à travers une ouverture rectangulaire dans le mur, situe l’événement dans la nature. Léonard de Vinci renoue alors le dialogue avec un style introduit plus d’une génération auparavant par Masaccio.

La grande innovation technique de Léonard est le sfumato. Cette technique se caractérise par une transition extrêmement subtile — presque infinitésimale — entre les différentes zones de couleurs, créant une sorte de brume délicate ou d’effet vaporeux. Le clair-obscur, en revanche, consiste à modeler et à définir les formes par les contrastes de lumière et d’ombre et à opposer certaines zones de la surface peinte entre elles.

La peinture de Léonard de Vinci se caractérise également par le traitement des paysages. Il fut l’un des premiers à y introduire la technique de la perspective atmosphérique. Les grands maîtres de la Renaissance à Florence, comme Raphaël, Andrea del Sarto ou Fra Bartolomeo furent tous redevables à Léonard de Vinci. Son œuvre eut une incidence remarquable sur la pratique de la peinture dans l’Italie septentrionale et exerça à Parme une influence déterminante sur le travail du Corrège.

Les nombreux dessins de Vinci encore conservés révèlent son génie du trait et sa maîtrise de l’anatomie humaine, animale ou végétale. Ils se trouvent aujourd’hui disséminés dans les principales collections européennes. Le Château de Windsor, en Grande-Bretagne, en réunit le plus grand nombre. Le plus célèbre de ses dessins est sans doute le splendide autoportrait en vieillard (v. 1510-1513, Biblioteca Reale, Turin).



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