Giovanni Anselmo
Giovanni Anselmo est très discret quant à son parcours précédant son entrée sur la scène artistique. Depuis 1966, il réalise des sculptures à partir de matériaux naturels comme la pierre, le bois, le fer, ou de matières végétales. Anselmo repositionne les matières pour tenter de leur redonner leurs qualités originelles : tension, énergie, éternité, basées sur les lois de la physique comme la pesanteur, la gravité et sur leurs transformations possibles (granit et laitue, rails de chemin de fer et éponge végétale par exemple). Le granit, symbole de dureté, lui permet de signifier des notions comme l’éternité ou la masse, qu’il met en scène pour figurer la loi physique de la pesanteur et par extension toutes les lois primordiales de la nature. Ainsi dans Direzione (Direction), 1967-1968, Mnam, bloc triangulaire orienté vers le nord, axe de référence, il insère une boussole dont la direction de l'aiguille souligne la symétrie du triangle. Cette œuvre fait surgir dans l’espace culturel du Musée une dimension originelle, celle de la présence de l’axe tellurique qui renvoie à l’éternité.
Dans les années 70, Anselmo remplace la matière par le mot, ce qui le rapproche, du point de vue des moyens, de l'Art conceptuel (1). Toutefois, son propos est différent puisqu’il ne s’interroge pas sur le rapport du signe linguistique à son référent. Anselmo entend plutôt manifester une tension entre le virtuel et le réel, comme par exemple dans Infinito, 1971 où l’artiste "projette le mot infinito sur une paroi sur laquelle il ne peut être lu ; pour lire l’écrit infinito, il faut "aller" jusqu’au point situé à l’infini".
