le 06/04/2010 à 18h
ACCESSIBILITE: déficiences visuelles et auditives
le 25/03/2010 à 18h
Environnement : abstraction ou milieu ? Franck Boutté, Architecte et Ingénieur
Passif, bâtiment basse consommation, écoquartier, ville durable, écocité, plan climat, éco-conception… éco, éco, éco…
5 minutes de télévision, 2 pages de magazine, 3 clics de souris, 10 minutes de conversation… arriveraient à convaincre : le monde a changé, l’homme également… l’homme enfin retrouverait avec son milieu naturel le lien perdu depuis longtemps… Assurément, il se passe quelque chose. Un mouvement naturel ? Peut-être pas si sûr, si l’on se réfère au nombre d’acronymes qui accompagnement cette dynamique dite de bon sens : HQE, BBC, HE, HPE, THPE, THQE, HQS, HQU, HQE2R, DDU…
Quand on parle de développement durable, on finit toujours par parler d’environnement ; quand on parle d’environnement, on finit toujours par parler d’énergie ; quand on parle d’énergie, on finit toujours par parler de chauffage ; quand on parle de chauffage, on finit toujours par parler d’isolation ! Cette réduction de la pensée est assez symptomatique. Quand bien même on n’arrête pas de parler d’environnement, à force de vouloir contrôler et réduire les échanges, on finit par se couper totalement de son environnement comme milieu. Isoler, c’est s’isoler.
En ces temps de passage obligé par les fourches caudines du Grenelle, je revendique une attitude iconoclaste, préférant le démontage à la pensée en kit, la démarche heuristique aux idées préconçues, une philosophie « à coups de marteau ». Et si l’on évoluait de la grenello-compatibilité du réel à la compatibilité au réel du Grenelle?

QU'EST-CE QUE LA PENSEE PAYSAGERE ? par Augustin Berque
le 06/04/2010 à 18h
Depuis que des poètes chinois, au IVe siècle, et des peintres européens à la Renaissance ont inventé la notion de paysage, nous avons une pensée du paysage. Cette pensée du paysage s’est particulièrement développée dans la seconde moitié du XXe siècle, en contrepartie du mouvement général de construction et de destruction qui, hormis quelques icônes, «tue les paysages» (l’expression est du poète chinois Li Shangyin, 813-859) sur tous les territoires. Nous avons une pensée du paysage, mais nous n’avons plus de pensée paysagère, c’est‑à‑dire cette pensée concrète, vivante et agissante qui jadis s’exprimait par de beaux paysages - ces beaux paysages qui aujourd’hui ne subsistent qu’à l’état de patrimoine, voire de reliques. Or fétichiser cet objet de consommation (touristique, immobilière, académique etc.) qu’est aujourd’hui le paysage, cela ne suffira pas pour retrouver cette manière d’être qui s’incarnait dans la pensée paysagère. Au contraire, même. Si nous voulons cesser de «tuer le paysage», il nous faut au préalable comprendre ce que c’était que la pensée paysagère de nos ancêtres.
