PFE
... où je dis pour quelles raisons je ne souhaite plus être dans la liste des directeurs de PFE !
Résultats
- Valerian Colombet
- le jury a reconnu un travail sérieux, quelques faiblesses et un défaut rédhibitoire : l'enfouissement de l'avenue de Morlhon ; j'avais bien attiré l'attention du jury sur le fait que ce choix avait été fait par l'ensemble du groupe d'étude et que si ce choix pouvait être mis en cause, il ne devait pas être reproché à l'étudiant, que ce qui devait être apprécié dans un dernier projet universitaire était la capacité de l'étudiant à traiter un projet "à partir d'une hypothèse" même critiquable ; il a été répondu que « le PFE était un travail personnel », qu'on n'avait à juger que « l'étudiant présent ». Point-barre et sans appel !
- résultat : avec une note de 9,6, le PFE n'est pas accordé. A repasser dans 1 an !
- Guillaume Gilbert
- quatre planches baclées pour ne pas dire médiocres (OK c'est dur, cf forum), mais une présentation "assurée" et une bonne maquette 3D permettant d'apprécier quand même un traitement architectural "volontaire" sinon "brutal" ont assuré une note de 11 et l'obtention du PFE. Il reste à espérer que les 4 planches baclées (dito ci-dessus) affichées dans le hall disparaitront vite ...
- Chloé Genevaux
- il s'agissait d'un PFE couplé à un travail de recherche.
- côté recherche, le travail a été unanimement remarqué ; le jury comprenait notamment un ingénieur enseignant la géométrie dans une école d'architecture parisienne et un designer travaillant chez Shigeru Bann, tous deux très intéressés par ce travail ; le mieux est de se reporter au site de Chloé en espérant y voir un jour le mémoire en ligne ...
- côté projet, le travail a été jugé de grande qualité, mais un jeune membre éminent, intervenant dans la maîtrise d'ouvrage à Montpellier a estimé irréaliste la proposition de jardin de dépollution, « je n'achèterais pas ce projet ... et que fera-t-on du site une fois dépollué ?» et un autre membre non moins éminent(e) a trouvé frileuse l'utilisation de la structure « on aurait souhaité plus de souffle ... » ;
- que le site une fois dépollué (dans 20/30 ans) puisse rester en l'état comme un espace vert ludique (on pense aux architectes RCR) n'a semble-t-il pas effleuré leur esprit : on dépollue, OK c'est une solution technique et ensuite il faut se mettre à faire de l'archi pour de bon non ?) ;
- pas plus que n'a effleuré leur esprit que le « souffle qui manque » dans ces trois bulles alignées soit la conséquence d'une attitude honnête d'architecte qui ne dessine que ce qu'il sait maitriser, ce qui est une chose effectivement assez rare. L'étude d'une déformation libre de ce type de structure pourrait être un bon sujet de thèse sur ... cinq ans !
- la partie recherche a obtenu la note de 15,7 et le projet, jugé en retrait, la note de 13,6.
Commentaires
J'ai suivi pas mal d'étudiant(e)s présentant leur TPFE depuis 1990 ; à l'exception d'un seul (prévisible) tous avaient été couronnés de succès (je ne laisse pas passer n'importe quoi et n'importe qui !), souvent avec mentions AB et B. Depuis 3 ans un nouveau mode a été mis en place, le PFE, et cette année on m'a accordé (du bout des lèvres) le droit d'être dans la liste des directeurs d'études. Qu'on se rassure, je ne renouvèlerai pas cette expérience, et sans entrer dans de longs développements en voici quelques raisons.
Ce qui était jugé rédhibitoire pour Valerian Colombet et qui a été la cause essentielle du refus de son projet était l'enfouissement de l'avenue de Morhlon : trop couteux, hors d'échelle, qui va payer ?, etc ... Bien, on est d'accord, après tout la vie est dure et l'école n'est pas le SAMU ! Alors que dire ... :
- que dire du projet (présenté Vendredi après-midi, pourquoi?) de Pauline Lavisse qui faisait table rase de l'énorme décharge de 7 mètres de haut sur quelques centaines de mètres, rempli de plomb et de produits pétroliers, sans s'occuper de l'énorme prix à payer pour le faire disparaitre, sans même évoquer la présence même de ce talus - le terrain est plat, point-barre ! -, ce même talus que Chloé avait choisi de conserver, de traiter à peu de frais et d'aménager avec soin pour en faire un lieu de découverte écologique ?
- que dire d'un projet possédant de réelles qualités plastiques (je faisais partie du jury et j'étais moi-même séduit) mais jugé hors d'échelle par la majorité du jury, planté comme un objet sans réelle installation dans le contexte et jugé non abouti (coupes à petite échelle et illisibles) ?
- que dire d'un projet, une longue mégastructure linéaire scandée par un nombre impressionant de portiques aux poutres de 2 mètres de haut, un dédale de circulations où les salles de musique et des logements étudiants donnent dans d'étroits patios cernés de hauts murs, des espaces qui peuvent être sinistres (prison) ou superbes (Campo Baeza...) suivant le traitement architectural ... encore faudrait-il en proposer un ?
- que dire d'un tel projet quand l'un des membres du jury, responsable de département connu pour sa modération et même sa gentillesse, annonce que si ce projet avait été présenté aux jurys la veille, il aurait surement été refusé ?
Que dire, pour en finir, quand un tel projet jugé (en trois minutes) Vendredi soir par un jury composé du chargé de l'urbanisme à Montpellier et d'un enseignant architecte extérieur invité accompagnés par le directeur de l'école obtient le premier prix du PFE 2008 ???, sans tenir aucun compte de l'avis du jury (6 personnes pendant une heure) qui l'avait trouvé "limite" et avait conseillé à l'étudiante "d'aller travailler dans une bonne agence" pour apprendre la modestie ...
Je dirai tout simplement :
- qu'il y a deux poids et deux mesures, et que de ce fait je conseille aux étudiants de limiter leur choix de directeur d'études aux têtes pensantes de l'école ; inutile de perdre du temps, il n'y a point de salut ailleurs ;
- que je dois reconnaître que les têtes pensantes de l'école ont entièrement raison : il faut enseigner l'image, c'est ce qui marche dans notre société actuelle ! Pour le reste on verra plus tard, il y a le petit personnel qui s'en occupera ...
- que l'école est aux mains d'une poignée de "têtes pensantes auto-proclamées" qui ont, j'en conviens, un talent certain pour s'en servir, mais qui pourraient à terme envoyer dans le mur un bon paquet de futurs architectes emballés dans du "papier concept",
- que toutes les tentatives que j'ai faites pour faire réfléchir les étudiants à une autre approche du métier plus au contact du terrain, se sont au mieux noyées dans l'indifférence générale : cf HMONP.
- que la recherche est complètement ignorée et n'a pas sa place à l'ENSAM, seule prévaut la logique des ateliers d'architecture, pourquoi pas ? oublions les leurres et ne nous payons pas de mots.
- que j'en passe et des meilleures ...
... et que pour finir je ne souhaite pas contribuer plus avant au système actuel des PFE.
alain marty, le 21/06/2008